L’univers de la mine a plus souvent été traité dans les romans que dans les albums jeunesse. Fabian Grégoire répare ce manque en proposant « Les enfants de la Mine » chez Archimède. Nous sommes ici à l’Ouest de Saint-Etienne (et non dans la région du Nord comme souvent), dans la quartier du Clapier au milieu du XIX° siècle. Nous suivons deux enfants, Tounet et Louis, quittant à dix ans l’école pour l’univers de la mine. Si au dehors l’univers est bleu gris, en dessous, les deux enfans vont surtout découvrir le monde du travail, celui des lampes à pétrole et de l’exploitiation (un monde comme coincé entre le noir et le jaune). La descente dans l’ascenseur, les équipes, le transport des planches, les soins des chevaux, le wagonnage, tout est ici décrit de manière réaliste, avec précision, sans mièvrerie. Ils découvrent également la hiérarchie et les injustices. « L’enfer portait bien son nom » écrit Fabian Grégoire. Mais le destin va séparer les deux amis. Louis divient l’assitant de l’ingénieur-géomètre (et lorsque l’ingénieur n’est pas au fond, Louis est porteur de lampe). Pour Tounet la fatigue et le désespoir le rongent. Amoureux des chevaux, et particulièrement d’un cheval nommé Tambour, rien ne va plus lorsqu’il voit que l’animal doit lui aussi travailler à la mine. Victime d’un coup de grisou, Tounet sera séparé de son ami pour toujours. Sous la forme d’un reportage, quasi photographique, cet album propose également une histoire d’une incroyable tendresse au regard de ces enfants exploités. En fin d'ouvrage, des photographies d'époque et un court dossier proposent des informations sur le travail du charbon, les houillères de Saint-Etienne. Certes enf France, le travail des enfants au fond des mines n’existe plus, mais l’ouvrage rappelle qu’en Inde ou en Bolivie ces « enfances volées » sont toujours d’actualité. Un témoignage émouvant. Un très bel album.